jeudi 14 février 2008

Saint Valentin...en poèmes...

Les poèmes de la Saint-Valentin ...



Le Poème des Amoureux

Le beau soleil, le jour de saint Valentin,
Qui apportait sa chandelle allumée,
N'a pas longtemps, entra un beau matin
Privéement en ma chambre fermée.
Cette clarté qu'il avait apportée,
Si m'éveilla du somme de Souci
Où j'avaye toute la nuit dormi
Sur le dur lit d'Ennuyeuse Pensée.
Ce jour aussi, pour partir leur butin
Des biens d'Amour, faisayent assemblée
Tous les oiseaux qui, parlant leur latin,
Criayent fort, demandant la livrée
Que Nature leur avait ordonnée :
C'était d'un pair, comme chacun choisi.
Si ne me peux rendormir, pour leur cri,
Sur le dur lit d'Ennuyeuse Pensée.
Lors en mouillant de larmes mon coussin
Je regrettais ma dure destinée,Disant :
"Oiseaux, je vous vois en chemin
De tout plaisir et joye désirée,
Chacun de vous a pair qui lui agrée,
Et point n'en ai, car Mort, qui m'a trahi,
A pris mon pair, dont en deuil je languis
Sur le dur lit d'Ennuyeuse Pensée".
Saint Valentin choisissent cette année
Ceux et celles de l'amoureux parti.
Seul me tiendrai, de confort dégarni,
Sur le dur lit d'Ennuyeuse Pensée.

Charles d'Orléans


Pour la Saint Valentin

Ces vers sont écrits pour celle dont les yeux lumineux,
Aussi brillamment expressifs que les jumeaux de Léda,
Trouveront son tendre nom niché au creux
De cette page, masqué à tout lecteur.

Fouillez attentivement ce morceau,
qui contient un trésor
Divin -- un talisman -- une amulette
Qui sur le coeur se doit porter.

Scrutez bien la mesure,
Les mots, les lettres elles-mêmes.
N'omettez pas
Le plus futile détail ; votre peine sinon serait perdue.

Pourtant il n'y a pas, ici, de noeud Gordien,
Qu'on ne saurait trancher sans coup de sabre,
Si l'on entend seulement le secret dessein.
Enchâssé dans les mots de cette page que scrutent

Des yeux impatients, gît, perdu, dis-je
Un nom familier, souvent prononcé, à portée
Des poètes, par des poètes :
car le nom est celui d'un poète aussi.

Ses lettres, bien qu'elles mentent naturellement
Comme le chevalier Pinto (Mendez Ferdinando),
Sont pourtant synonymes de Vérité.
Ne cherchez plus!
Vous ne résoudrez pas l'énigme, même en faisant de votre mieux

Edgar Poe

L'Amour et la Folie

Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette science.

Je ne prétends donc point tout expliquer ici :
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'aveugle que voici
(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;

Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien
J'en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble :
Celui-ci n'était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble
Là-dessus le conseil des Dieux ;

L'autre n'eut pas la patience;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu'il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.

Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.


Elle représenta l'énormité du cas ;
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande :
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L'intérêt du public, celui de la partie,
Le résultat enfin de la suprême cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l'Amour.

A servir de guide à l'Amour.

Jean de La Fontaine

Quand on n'a que l'amour

Quand on n'a que l'amour
A s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour

Quand on n'a que l'amour
Mon amour toi et moi
Pour qu'éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour

Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours

Quand on n'a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs

Quand on n'a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours

Quand on n'a que l'amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours

Quand on n'a que l'amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour

Quand on n'a que l'amour
À offrir à ceux-là
Dont l'unique combat
Est de chercher le jour

Quand on n'a que l'amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour

Quand on n'a que l'amour
Pour parler aux canons
Et rien qu'une chanson
Pour convaincre un tambour

Alors sans avoir rien
Que la force d'aimer
Nous aurons dans nos mains

Amis le monde entier.

Jacques Brel


Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.


Est-elle brune, blonde ou rousse?
Je l'ignore.Son nom?
Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a



L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine


L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,


Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.

Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

Paul Éluard




Le tendre et dangereux visage de l'amour

Le tendre et dangereux visage de l'amour

m'est apparu un soir après un trop long jour

C'était peut-être un archer avec son arcou


ou bien un musicien avec sa harpe

Je ne sais plus

Je ne sais rien

Tout ce que je sais

c'est qu'il m'a blessée

peut-être avec une flèche

peut-être avec une chanson

Tout ce que je sais

c'est qu'il m'a blessée

blessée au coeur et pour toujours

Brûlante trop brûlante blessure de l'amour.

Jacques Prévert

Février vient,

c'est la Saint Valentin,

Février vient,

il fait rougir les saules

Tous les oiseaux,

c'est la Saint Valentin,

Merles, geais, pics, tout le peuple mutin,

Des moineaux francs, les vives alouettes,

Se réveillant et secouant leurs plumes,

D'un fou désir et d'un vol incertainSe sont cherchés dans les dernières brumes.

Auguste Angellier


sur: http://www.alianwebserver.com/societe/stvalentin/poemes.htm


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