vendredi 30 novembre 2007




Daniel Pennac, de son vrai nom Daniel Pennacchioni, est un écrivain français né à Casablanca, au Maroc, en 1944. Il reçoit le prix Renaudot en 2007 pour son essai Chagrin d'école.

C'est aussi l'auteur qui a écrit...



Les droits imprescriptibles du lecteur

1. Le droit de ne pas lire.

2. Le droit de sauter des pages.

3. Le droit de ne pas finir un livre

4. Le droit de relire.

5. Le droit de lire n'importe quoi.


6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe où.


8. Le droit de grappiller.


9. Le droit de lire à haute voix.


10. Le droit de nous taire.

(Comme un roman, p.145, Éd. Gallimard)




[...] la vertu paradoxale de la lecture qui est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens. (Comme un roman, p.19, Éd. Gallimard)

Quels pédagogues nous étions, quand nous n'avions pas le souci de la pédagogie! (Comme un roman, p.21, Éd. Gallimard)


Oui, l'histoire lue chaque soir remplissait la plus belle fonction de la prière, la plus désintéressée, la moins spéculative, et qui ne concerne que les hommes: le pardon des offenses. (Comme un roman, p.33, Éd. Gallimard)


[...] une des fonctions essentielles du conte [...] est d'imposer une trêve au combat des hommes. (Comme un roman, p.33, Éd. Gallimard)

[...] une préoccupation héritée d'un plaisir est à surveiller de près. (Comme un roman, p.38, Éd. Gallimard)


Nous autres "pédagogues" sommes usuriers pressés. Détenteurs du Savoir, nous le prêtons contre intérêts. Il faut que ça rende. Et vite! Faute de quoi, c'est de nous-mêmes que nous doutons. (Comme un roman, p.49, Éd. Gallimard)

La répétition rassure. (Comme un roman, p.57, Éd. Gallimard)


Relire, ce n'est pas se répéter, c'est donner une preuve toujours nouvelle d'un amour infatigable. (Comme un roman, p.57, Éd. Gallimard)


Résoudre le problème en supprimant son énoncé, encore un fameux truc pédagogique! (Comme un roman, p.66, Éd. Gallimard)


- Nous faisons en sorte qu'il ne s'ennuie jamais. (Pauvre de lui)(Comme un roman, p.67, Éd. Gallimard)


Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. (Comme un roman, p.82, Éd. Gallimard)



Aimer c'est, finalement, faire don de nos préférences à ceux que nous préférons. (Comme un roman, p.86, Éd. Gallimard)


L'homme qui lit à voix haute nous élève à hauteur du livre. Il donne vraiment à lire!(Comme un roman, p.94, Éd. Gallimard)



[...] à s'accuser tous azimuts, on se met à l'abri de bien des exigences. L'école leur aura au moins appris cela: le confort de la fatalité.(Comme un roman, p.106, Éd. Gallimard)


Rien de plus énigmatique qu'un air de maturité. (Comme un roman, p.107, Éd. Gallimard)


Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilatent le temps de vivre.(Comme un roman, p.125, Éd. Gallimard)


On ne force pas une curiosité, on l'éveille.(Comme un roman, p.127, Éd. Gallimard)


L'homme construit des maisons parce qu'il est vivant, mais il écrit des livres parce qu'il se sait mortel. Il habite en bande parce qu'il est grégaire, mais il lit parce qu'il se sait seul.(Comme un roman, p.175, Éd. Gallimard)

On devient légitimement défensif... la pire de choses.(La petite marchande de prose, p.116, Folio n° 2342)


Être soi, monsieur, c'est être le bon cheval, au bon moment, sur la bonne case du bon échiquier! ou la reine, ou le fou, ou le dernier des petits pions! (La petite marchande de prose, p.117, Folio n° 2342)


Savoir ce qu'un boulot rapporte, mais savoir aussi ce qu'il vous coûte. (La petite marchande de prose, p.119, Folio n° 2342)


En politique, nous passons le plus clair de notre temps à parler des absents, il arrive que leur présence n'y change pas grand-chose. (La petite marchande de prose p.126, Folio n° 2342)


Il n'y a pas de faibles, il n'y a que des gens qui ne veulent pas ce qu'ils veulent. (La petite marchande de prose, p.151, Folio n° 2342)


Mais il y a pire que l'imprévu [...] ce sont les certitudes! (La petite marchande de prose, p.279, Folio n° 2342)


Je ne crois pas les femmes qui se taisent. (La petite marchande de prose, p.309, Folio n° 2342)


La vérité vient rarement des réponses que tu reçois [...] la vérité naît de l'enchaînement logique des questions que tu poses. (La petite marchande de prose, p.309, Folio n° 2342)


L'authenticité a toujours un siècle d'avance. (La petite marchande de prose, p.316, Folio n° 2342)


Les mots, comme les armes, partent parfois tout seuls. (La petite marchande de prose, p.319, Folio n° 2342)

Elle n'a pas seulement des yeux qui voient, elle a des yeux qui montrent. (Monsieur Malaussène, p.24 Éd. Gallimard)

En matière d'existence l'optimisme l'emporte presque toujours sur la sagesse du néant. (Monsieur Malaussène, p.30 Éd. Gallimard)


La tolérance [...] c'est la prudence élevée à une métaphysique. (Monsieur Malaussène, p.48 Éd. Gallimard)


[...] le plus sournois de tous les silences: l'embarras pédagogique. (Monsieur Malaussène, p.65 Éd. Gallimard)


Les habits neufs des mots [...] (Monsieur Malaussène, p.75 Éd. Gallimard)

Le sommeil est une séparation... (Monsieur Malaussène, p.79 Éd. Gallimard)

Je suis né par curiosité. Y a-t-il une meilleure raison de naître? (Monsieur Malaussène, p.87 Éd. Gallimard)


Regarde-toi un peu. Tu n'as pas honte, d'être si jeune? A ton âge! (Monsieur Malaussène, p.89 Éd. Gallimard)


[...] même les aveugles de nos jours ont un écran allumé au fond des yeux. Aujourd'hui, on ne voit plus rien, on passe son temps à reconnaître. (Monsieur Malaussène, p.106 Éd. Gallimard)


[...] négocier c'est laisser à la guerre le temps de faire l'Histoire. (Monsieur Malaussène, p.118 Éd. Gallimard)


La meilleure des douches ne nous lave pas de toutes nos humeurs. (Monsieur Malaussène, p.132 Éd. Gallimard)

Rien ne peut jamais marcher si l'on songe à tout ce qu'il faut pour que ça marche. (Monsieur Malaussène, p.167 Éd. Gallimard)


Quand l'homme s'applique, même les pierres flambent. (Monsieur Malaussène, p.182 Éd. Gallimard)


Le suicide est une imprudence. (Monsieur Malaussène, p.186 Éd. Gallimard)


L'avenir, c'est la trahison des promesses, [...] le dernier des députés et le meilleur des amis vous le confirmeront! (Monsieur Malaussène, p.220 Éd. Gallimard)

Celui qui court vers la femme qu'il aime, celui-là aussi fait tourner le monde! (Monsieur Malaussène, p.221 Éd. Gallimard)

[...] ça doit être ça, après tout, le bonheur: la satisfaction de ne pas être l'autre. (Monsieur Malaussène, p.236 Éd. Gallimard)


L'amour ne nous sauve même pas de nous-mêmes... Voilà pourquoi l'homme est mortel ... (Monsieur Malaussène, p.316 Éd. Gallimard)


L'incorrigible fierté des racines. (Monsieur Malaussène, p.317 Éd. Gallimard)


L'homme ne se nourrit pas de vérité, l'homme se nourrit de réponses! (Monsieur Malaussène, p.338 Éd. Gallimard)


Une erreur judiciaire est toujours un chef-d'oeuvre de cohérence. (Monsieur Malaussène, p.426 Éd. Gallimard)


[...] s'est laissé aller à la fatalité. On ne meurt pas pour une autre raison. (Monsieur Malaussène, p.506 Éd. Gallimard)

[...] il souffrait d'un furieux besoin de cohérence. (Monsieur Malaussène, p.510 Éd. Gallimard)

[...] le bonheur, le bonheur, il n'y a pas que le bonheur dans la vie, il y a la vie! Naître, c'est à la portée de tout le monde! Même moi, je suis né! Mais il faut devenir ensuite! devenir! grandir, croître, pousser, grossir (sans enfler), s'abonnir (sans s'abêtir), durer (sans végéter), vieillir (sans trop rajeunir) et mourir sans râler, pour finir... un gigantesque programme, une vigilance de chaque instant... c'est que l'âge se révolte à tout âge contre l'âge, tu sais! (Monsieur Malaussène, p.514 Éd. Gallimard)


Le chagrin creusé par ceux qui partent fait le nid de ceux qui arrivent dans le coeur de ceux qui espèrent. Il y a lurette que le manège aurait cessé de tourner, sinon. (Monsieur Malaussène, p.516 Éd. Gallimard)


Les lions sont comme les riches, ils laissent toujours quelque chose. (L'oeil du loup, p. 108, Éd. Nathan)

Bizarre, la vie... On vous parle d'une chose que vous ignoriez complètement, une chose inimaginable, presque impossible à croire, et, à peine vous en a-t-on parlé, voilà que vous la découvrez à votre tour. (L'oeil du loup, p. 112, Éd. Nathan)


La force, ce n'est rien, dans la vie. C'est l'esquive qui compte!(Cabot-Caboche, éd. Nathan, p. 27)
Quand tout est fichu, il y a encore le courage.(Cabot-Caboche, p. 80, Éd. Nathan)


Même au milieu du plus terrible chagrin, on remarque des choses qui n'ont rien à y voir. (Cabot-Caboche, p. 88, Éd. Nathan)


[...] Milou [...] ce n'est pas un nom de chien, c'est un nom d'image.(Cabot-Caboche, p. 103, Éd. Nathan)


Il parlait sans s'arrêter, comme ces gens qui, n'ayant personne à qui parler, croient avoir beaucoup de choses à dire. (Cabot-Caboche, p. 146, Éd. Nathan)

Le problème avec la vie, c'est que, même quand ça ne change jamais, ça change tout le temps. (Cabot-Caboche, p. 196, Éd. Nathan)


À chacun sa vie: c'est le secret de l'amitié.(Cabot-Caboche, p. 215, Éd. Nathan)

Se souvenir, c'est soustraire. (Des chrétiens et des Maures, p.43, éd. Gallimard, 1996)

La fermentation du désespoir.(Des chrétiens et des Maures, p. 53, éd. Gallimard, 1996)

[...] quand la médecine manque de clarté, il faut surveiller les médecins. (Des chrétiens et des Maures, p. 75, éd. Gallimard, 1996)

C'est la marque des âmes fortes : chagrins et bonheurs n'y sont que parenthèses sur la route du devoir.(Des chrétiens et des Maures, p. 77, éd. Gallimard, 1996)

Ce que Dieu ne peut plus faire, une femme, parfois, le peut.(Des chrétiens et des Maures, p. 80, éd. Gallimard, 1996)


La plupart des enfants naissent d'une métaphore... C'est après que ça se gâte.(Des chrétiens et des Maures, p. 92, éd. Gallimard, 1996)


[...] laissez la réalité juger du " réalisme " ! (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.43)


Curieux, le chagrin. Le plus authentique des chagrins se défend contre lui-même en faisant des phrases. C'est cela, peut-être, la nécessité littéraire, ce besoin vital d'écrire autour... (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.45)


Eh oui, s'informer, c'est se retrancher, n'importe quel père de famille vous le dira, à l'heure de la vaisselle. Le quotidien qui informe nous préserve de celui qui encombre. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.51)


Dès qu'il croise un appareil photo, il devient sa propre statue. Il a le sens de son éternité. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.56)

Il y a des moments dans la vie où on donnerait n'importe quoi pour savoir ce qu'on vient de comprendre d'essentiel. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.59)

La vie ne pose pas de question [...] et le suicide n'est pas une réponse. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.72)


[En parlant de la mort]Universelle banalité. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.75)


[...] la mort, c'est la fin des opinions. Mourir, c'est troquer nos opinions contre un point de vue. (Imprenable, le point de vue !) (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.78)


Si on faisait le compte de ce qu'un flic ne peut pas comprendre, ce serait l'addition la plus longue du monde. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.80)


[...] la pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c'est de vous donner l'illusion de sa propre conscience, " pas de panique, c'est un cauchemar ", et de continuer à en être un ! (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.95)


Qu'un cauchemar ne finisse pas, il devient votre réalité, et il faut bien faire avec. Que votre vie s'achève, elle n'était qu'un songe, et il faut bien ne plus faire avec. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.100)


Les enfants commencent tous par la métaphysique, les adolescents continuent dans la morale, et nous les adultes, nous finissons dans la logique et la comptabilité. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.121)

[...] mourir, c'est enterrer tout le monde en une seule fois. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.121)

Il ne faut pas cracher sur les jeux de mots. Les plus mauvais vont aux meilleurs amis. C'est l'ineffable prix de l'intimité. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.138)


Quand il n'y a plus de solution, reste la vengeance. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.141)
[...] trente années de délire pédagogicide [..] (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.147)


Renoncer à l'assassinat c'est se condamner à comprendre ; il faudrait y regarder deux fois. Ça fait de votre existence une longue suite de questions, là où un coup de canif bien placé résout le problème en supprimant son énoncé. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.158)

- Il va complètement mourir ! (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.171)


Ah ! le temps perdu, ça c'est bien une idée d'adulte ! (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.177)

[...] un mec qui peint la femme qu'il aime, ça vend pas un seul tableau. [...] Ça les lui offre. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.178)

[...] l'enfance, sous nos latitudes, est un privilège ! Et la maturité un apostolat ! (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.184)


Une chambre d'enfant à ranger, c'est une vie à construire. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.190)


Les enfants sont des énigmes lumineuses. (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.201)


[...] cette réunion, comme c'était trop souvent le cas dans la profession [l'enseignement], se révélait parfaitement inutile [...] (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.213)

Comme ce doit être bon, un souvenir d'enfance ! La certitude d'une enfance vaincue ! (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.224)


- Le vrai bonheur ne cite pas ses sources.- Pourquoi ? [...]- Pour ne pas rendre le bon Dieu jaloux [...] (Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.237)

[On trouve plusieurs fois cette phrase dans le livre.]L'imagination, ce n'est pas le mensonge.(Messieurs les enfants, Gallimard nrf)


[Le personnage parle de son travail]Beaucoup trop payé pour ce que je fais, mais pas assez pour ce que je m'emmerde. (Au bonheur des ogres, Folio n°1972, p. 32)


Si vous voulez vraiment rêver, réveillez-vous... (Au bonheur des ogres, Folio n°1972, p. 36)


[Une voix] remplie d'une dangereuse certitude. (Au bonheur des ogres, Folio n°1972, p. 44)


Elle n'est plus si jeune. Elle est dans l'âge des plénitudes sympathiques. (Au bonheur des ogres, Folio n°1972, p. 58)







Daniel Pennac dit: "MERCI"!!!

sur:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Pennac

http://www.aufildemeslectures.net/index.php?page=accueil

http://www.evene.fr/

Recensão crítica do livro “Messieurs les enfants”

Recensão crítica do livro “Messieurs les enfants
de Daniel Pennac

Messieurs les enfants” é uma obra menos conhecida fora de França ou dos países francófonos (pelo menos da qual se ouve falar menos) do autor Daniel Pennac mas não menos importante ou até intrigante do que outras tais como “Comme un Roman”, ou até a trilogia apresentada numa caixa (quase se poderia dizer de luxo – há cerca de 10 anos apareceu como trilogia numa caixa de três obras, hoje já está à venda a caixa com seis obras) com as obras «”Au Bonheur des Ogres”, “La Fée Carabine” e “La petite Marchande de Prose” (que diga-se de passagem ganhou um prémio em 1990 – Prix du Livre Inter 1990)»; ou então como “Monsieur Malaussène” ou ainda como “Des chrétiens et des Maures”.

No entanto, a editora “Éditions Gallimard” através da Collection Folio, não hesitou em publicar, em 1997 à Mesnil-sur-l’Estrée em França, mais uma obra deste autor reconhecido mundialmente .

Daniel Pennac, nasceu em 1944, em Casablanca em Marrocos. Tem uma grande experiência como professor de letras, uma grande paixão pelos livros e pelos alunos e uma grande relação com a ficção e o imaginário.

A história desta obra propõe a troca de identidades de crianças para adultos e vice-versa e tudo o que isso possa comportar em termos físicos, psicológicos, emocionais e relacionais, mas sob uma visão “décalée” deslocada. As crianças em corpanzis de adultos não têm maturidade suficiente para entender certos acontecimentos e os adultos quase deixaram de saber fantasiar a realidade e quando alcançam a graça de o saber fazer, tornam-se excessivos nos seus comportamentos.

Tudo começa com um simples tema de produção escrita, vulgarmente conhecido como composição. A obra inicia-se com a mesma frase que a termina “L’Imagination ce n’est pas le mensonge” (A imaginação não é a mentira). O tema da redacção é: “Vous vous réveillez un matin et vous constatez que, dans la nuit, vous avez été transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite. » (Acorda uma manhã e constata que durante a noite se transformou em adulto. Muito aflito, corre para o quarto dos pais. Eles estão transformados em crianças. Conte o que se segue.) .

As personagens principais têm muita acção ao longo de toda a obra. Senão vejamos, o professor Crastaing, cujo papel é bastante importante, passa de ditador detestável a criança tímida e amedrontada. Este procura sempre através das produções escritas solicitadas aos seus alunos o tema da família – assim talvez consiga entrar na vida familiar que nunca teve. Por fim e após a metamorfose de encolhimento em que também teve de fazer a redacção com o mesmo tema por ele proposto, o professor torna-se mais “fixe”.

Os alunos e as suas famílias inversam as posições em que se encontram.

O aluno Igor Laforgue, que tem 13 anos, vive com sua mãe Tatiana, que é russa. O seu pai Pierre faleceu numa operação às amígdalas (o que, diga-se de passagem – é absurdo, pois tal como a mãe do Igor refere – “nínguem morre das amígdalas”. Entretanto, o referido vai conversando com o progenitor fantasma.

O discente Joseph Pritsky vive com seu pai Pope e sua mãe Moune, de vez em quando recebe a visita, que não é muito desejada, do seu avô Papidou Joncheville.

O rapaz Nourdine Kader, que tal como podemos depreender do seu nome de família é árabe, vive com sua irmã Rachida e seu pai Ismaël, este tendo passado de motorista de taxi a pintor sonhador.

E como não podia faltar o Rabbi Razon também dá ar da sua graça nesta obra. Ainda aparecem algumas personagens secundárias mas não menos importantes, como o polícia Éric. Ou então os auxiliares escolares M. Foiriez et M. Lanval.

No final da obra o polícia Éric casa com Rachida, Tatiana (mãe de Igor) volta a casar-se, desta vez com Ismaël (pai de Nourdine). Isto após terem passado pelo encolhimento infantil a que os levou a redacção imaginada por seus descendentes.

O desenrolar da obra vai submergindo do nada, do simples ao complexo, da realidade à imaginação, da verdade à mentira. Do sonho à realidade, da fantasia ao realismo. Da metamorfose...

O autor de “Messieurs les enfants”, Daniel Pennac, emprega o estilo tão comum nas suas obras, inconfundível e avassalador, levando o leitor para um mundo imaginário, inconcebível à partida, mas que ao longo da sua obra se vai desenrolando como se de algo de verídico e inverosímil se tratasse, chegando ao ponto em que acreditamos realmente no que lemos e aí, então sim, entramos nas personagens e vivemos um romance maravilhoso. Pode parecer infantil, mas não é, pode semblar descabido de sentido, mas tem toda a razão de ser. Pode não ter qualquer base histórica, mas é tão verdade como nós acordarmos de manhã e nos sentirmos novamente criança. Passa-se da imaginação à realidade, perdemos a noção do que é realmente real ou não e entramos na história

O enredo da obra baseia-se em fazer acreditar que podemos mudar,nós pessoas, simples mortais, de um dia para o outro. Podemos mudar o mundo se pensarmos como uma criança em vez de pensarmos sempre como um adulto.

A personalidade aparece nesta obra como sendo algo de precioso mas não de imutável. E se um dia acordássemos crianças??? Que faríamos??? Nada ou tudo. Tudo depende da visão de cada um!

A conclusão da obra é dada ao leitor com uma máxima “Le sujet devenait réel quand on le traitait, ça arrivait vraiment!” (O tema tornava-se real quando tratado e acontecia realmente).

Por fim, o professor detestado por todos os alunos, conseguiu pôr a turma atenta e interessada: a leitura do tema dado apaixonava toda a turma, enfim por uma vez como se refere na obra.

Até o aluno mais temerário consegue após tais aventuras indagar “Porque é que acaba tão bem?”. Este pensamento remete-me ao “Meilleur des Mondes” de Candide. Onde... tudo acaba bem num mundo que nem sempre é o melhor!!!



Maria Clara de Sá Couto Wildschütz

Survol sur la Littérature Québécoise...






La Littérature Québécoise
Ou
La Littérature Canadienne
Et encore
La Littérature Canadienne Française
Puis
La Littérature Française du Québec
Ou aussi
La Littérature Franco-Canadienne
Ou d'ailleurs
La Littérature Canadienne d’expression Française


Plusieurs ambiguïtés sont synonymes pour expliquer le caractère nationale, français et francophone, de la littérature québécoise qui ne s’est pas toujours appelé ainsi. D’où, à la page antérieure de ce travail, se repèrent plusieurs sous-titres proposés, parce que tous ont eu une importance, tous ont existé à un moment ou à un autre. On sait déjà par l’histoire du Québec que c‘est pendant les années 60 que le terme « québécois» s’est imposé. Ce qui pose des embarras de terminologie quand il s’agit de la littérature précédente à cette date et qui entraîne des auteurs à imposer à l’histoire littéraire toute entière la dénomination de québécoise et non celles, variant avec les époques, de «canadienne » pour le XIXe siècle, de « canadienne-française» jusque vers le milieu du XXe siècle, ou de littérature française du Québec, dans les années 50. Ce processus terminologique montre l’ambiguïté fondamentale du phénomène littéraire au Québec.


TABLE DES MATIÈRES

Introduction
Les thèmes
Les mythes
Les obsessions
L’écriture migrante
Les époques et les genres littéraires
La période coloniale française
Les œuvres du XIX siècle
Le folklore
La poésie
Le vers libre
Le roman
Les revues
La poésie de pays
L’apothéose du roman
Le théâtre
L’essai
La littérature récente
Bibliographie

Comment les écris ont-ils commencé au Québec ???


D’abord, en 1534, au moment où le Canada a été découvert.
Puis en 1760, au moment où les français ont battu les anglais. Là, commencent à apparaître des écrits en latin – seule langue unifiée par les pères, les curés. Ainsi, les sources étaient latines. Puis par les « Récits de Voyage » de Jean Cartier.
L’Académie Française étant fondée en 1635, des débats d’idées surgissent avec la présence de journalistes et écrivains entre autres. Ces gens organisaient aussi des soirées philosophiques.
Les premiers écrits que l’on trouve sont à partir de 1760, dont la création du Journal « La Gazette » de Montréal, du Québec. Ainsi, les personnes ont pu avoir accès à l’information. Puis, en 1776, à Montréal, apparu le premier livre d’après les journaux et/ou périodiques. Les écrivains publiaient chaque jour ou chaque semaine dans des journaux ou dans des revues et ainsi les lecteurs avaient chaque jour un petit bout de l’histoire. Ceci fut une façon de diffuser qui fut popularisé.
En 1837, le thème étant La Libération Nationale, des patriotes suivaient le mouvement. C’est, pour ainsi dire, ce qui a précédé les écrits. Puis en 1867, la fondation du Canada se créa. Les termes et thèmes qui reviennent dans la littérature canadienne et québécoise étant la survivance parce qu’ils se trouvaient dans une mer anglophone, tandis que dans la littérature américaine c’est le thème de la frontière qui est souvent abordé dû à son contours de Terre; dans la littérature anglaise ce sont la suffisance et la sécurité que leur apporte leur île; dans la littérature française c’est le chauvinisme, d’où l’importance du « MOI » pour les français. Au Canada, c’est la survie.
Mais revenant à notre sujet primordial, il exista réellement un problème entre les français et les anglais au Canada et les conséquences n’en furent pas moindres.


Les thèmes

Ainsi, plusieurs thèmes surgirent dans la littérature canadienne québécoise.

. L’angoisse existentielle étant omniprésente dans la littérature fit le délice de plusieurs lecteurs, certainement.
. Le Canada – produit du hasard parce que le pays a été découvert de l’Est à l’Ouest, sinon, ils seraient allés dans le sud. (D’ailleurs le chanteur québécois Robert Charlebois chante : « On a découvert le Canada á l’envers… ») et ainsi ils se sont retrouvés à l’Ouest sans se demander ce qui se trouvait à l’autre bout.
. L’immigration – qui représentait aussi un sacrifice, sacrifice inutile, car beaucoup de personnes regrettèrent d’immigrer. Et c’est là que s’installe le rêve américain.
. Le portrait de famille – Celui-ci apparaît dans beaucoup de littératures et non seulement dans la canadienne québécoise car les portraits de famille sont rédigés par tout écrivains qu’ils soient canadiens, américains, français ou anglais et chacun le décrivait à sa façon et celle de son environnement. En Angleterre, la famille veut retourner dans son pays parce que c’est une île et c’est l’image du paradis ; aux Etats-Unis, la famille est une espèce de peau qui s’enlève pour acquérir l’autonomie ; au Canada, la famille est le monde extérieur qui représente le vide et le froid, puis les ancêtres représentés par les amérindiens d’où les racines sont très limitées dans le temps – le grand- -père est habituellement un tyran et la grand-mère très dominatrice, le reste des membres de la famille étant des misérables et entassés parce que les familles francophones étaient nombreuses. L’image est que l’homme crée son épouse, puis il fuit dans les bois parce qu’il est humilié ; donc, il fait l’enfant à la femme et fuit dans les bois. Là, il y a les femmes amérindiennes et c’est de là que vient le métissage ! Puis du thème de la famille, la femme est aussi représentée : la femme de glace, qui en a assez de mettre des enfants au monde ou la femme putain ; Il y a aussi l’image de la mère – la mère courage parce qu’elle faisait l’amour par devoir. Néanmoins, les mœurs au Québec étaient plus légères qu’au Canada parce que les femmes étaient plus coquettes ceci venant du coté francophone car en France les femmes aimaient plus le changement tandis qu’en Angleterre le style était beaucoup plus strict.
. La maison incendiée – c’est un autre thème présent dans la littérature québécoise parce que les québécois sont fascinés par la mort. Quand la maison passe au feu cela veut dire « on recommence à zéro», c’est aussi la maison-cercueil qui est la devise des québécois survivants.
- La chambre à coucher est aussi un important élément, l’interrogation, le mystère de la chambre, essayer de voir et savoir ce qui se passe dans la chambre, de l’autre coté.
- La maison-forêt est un précepte relevant car la maison devient forêt et la forêt devient maison ; la forêt fait partie de la maison et là il y a les arbres et derrière chaque arbre il y a un amérindien.
. L’écologisme qui fut un thème plus récent dans la littérature – le thème du bon sauvage !
. La lamentation – la répendance de l’homme blanc qui se sent coupable de génocide à cause de la colonisation.
. Puis La période expiatoire…
. Et Le Multiculturalisme (canadien).


Les mythes

Mais la littérature canadienne, soit-elle, franco-canadienne, canadienne française, québécoise ou autre terme équivalent ne s’arrête pas sur les thèmes. Elle comporte aussi des mythes… les mythes dans la littérature.


. Le monstre-nature – la nature est un monstre à cause de la monstruosité géographique du Canada ; il n’y aurait pas d’histoire du Canada si la nature n’existait pas ; la nature est ce qui a donné la légitimité au Canada.
. Les amérindiens – à cause des cadavres des prêtres presbytériens.
. La Nature-mère qui est la Terre-mère.
. Les filles de joie / filles des rois car on avait dit que les mères des québécoises étaient des putains qui venaient de France et qui n’avaient pas d’avenir là-bas.
. La Nature en même temps tueuse et nourricière. La Nature est omniprésente. Elle est immense (pleine) et vide (barrière) et c’est pourquoi le développement du Canada est à la frontière et pas dans les montagnes.


- Les victimes animales – Le chasseur qui ne mange que pour ce qu’il a besoin de vivre, il ne va pas tuer pour le plaisir mais pour vivre. Dans les livres, on demande au lecteur de sympathiser avec les animaux et non avec le tueur d’animaux. C’est la survie qui est en cause.

- Le bon amérindien – idéalisé au modèle de Jean-Jacques Rousseau qui est le modèle idéal parce que les amérindiens étaient vus comme des gens qui voulaient tués. Ainsi, il y avait le modèle idéal et ce qu’on racontait sur les Amérindiens. Grâce à l’Amérindien il y eut l’éloignement de l’église ce qui est une opposition car les mœurs amérindiens étaient différents des mœurs canadiens, les mœurs amérindiens étant très libéraux. Et ce fut ainsi que se créa un choc culturel. Alors, selon l’époque où il y avait les écrits, l’Amérindien pouvait être le bon ou le mauvais.

- Le Nord – C’est l’idéal, c’est la pureté de la Nature. Mais le Nord c’est le froid aussi et le froid provoque l’isolement. Le Canada Nordique représente un lieu de rêve mais aussi un lieu de peur.

- Le chemin de fer pour parcourir ce grand Canada.

- Le bilinguisme (français / anglais) qui est la représentation idéalisé du Canada. Surtout parce qu’au Québec il est obligatoire d’être bilingue francophone et anglophone.


Quelques lignes d’écriture auparavant le thème du mythe est apparu. La permanence du mythe américain dans le roman québécois contemporain se doit surtout aux auteurs Jean-Yves Soucy avec «Un Dieu Chasseur» (1976), Robert Lalonde avec «Le Dernier Été des Indiens» (1982), Julien Bigras avec «Ma Vie, Ma Folie» (1983) et Jacques Poulain avec «Volkswagen Blues» (1984).

Ces trois romans, desquels une référence est faite tout au long du travail présenté, insistent beaucoup sur le drame du pays en mettant en question, de manière quasiment obsessionnelle, la concordance du passé, du présent et de l’avenir de la nation, par l’intermédiaire du conflit prenant place entre certaines figures paradigmatiques : le nomade, le sédentaire, la femme, l’étranger et parfois, l’Indien. Ce conflit renvoie au grand mythe de recommencement qui anime et justifie l’aventure de l’homme sur le continent américain, comme la lutte contre le monstre, dont j’ai parlé antérieurement, doublée du désir lancinant de fusion dans la nature. Ainsi, ils nous parlent du pays tout en nous renvoyant à des préoccupations plus fondamentales «supranationales».

Louis Hémon, Félix-Antoine Savard et Germaine Guèvremont avaient réuni le lien qui unissait l’inconscient du peuple québécois à sa destinée continentale, tandis que Gabrielle Roy et André Langevin, briseurs de liens, avaient très vite été attrapés par le mouvement du grand mythe, au point d’en faire un jalon important dans la composition de leur œuvre romanesque. Ainsi, dans la littérature québécoise contemporaine, il y eut formation progressive d’un champ sémantique d’une certaine tradition de l’imaginaire.

«Un Dieu Chasseur» de Jean-Yves Soucy, son premier roman qui remet à la tradition littéraire qui conduit de Maria Chapdelaine à L’Élan d’Amérique en passant par Menaud, Maître-Draveur. Dans ce roman, les apparences politiques et sociales de ce drame surviennent au second schéma pour faire place à la locution de certains obstacles plus palpables. L’inquiétude est la position de l’homme québécois devant la femme et la société, ainsi que la nature profonde des motivations psychologiques qui refoulent vers la liberté fréquemment chimérique des grandes forêts continentales. L’antagonisme qui fonde le mythe se restreint à des données psycho-sociologiques – dans une impulsion de libération, l’homme se déracine du monde de stabilité personnifié par la femme et qu’il associe à la mort, pour s'enfouir au plus profond de la forêt, qui devient rapidement l’amante et la mère. Le conflit du nomade et du sédentaire se vérifie omniprésent.

«Le Dernier Été des Indiens» de Robert Lalonde dévoile un romantisme des plus déchaînés. Les sources intertextuelles surviennent aussi au second plan, devenant moins manifestes, pour laisser place à l’expression d’une émotivité pareillement plus lacérée et d’une création qui outrepasse jusque dans le langage, sans que soient abandonnés pour autant les principes constitutifs du grand mythe américain. La propriété très ébauchée des contrastes qui se recouvre les uns et les autres inspire en soi l'acte d’une pensée dualiste, très utopiste. Dans son évocation de la société québécoise, Robert Lalonde, renvoie en quelque sorte à un monde rimbaldien où la vraie vie est absente, où la vie est ailleurs. L’œuvre témoigne de cette quête rimbaldienne de la véracité derrière le masque, qui emporte le héros narrateur, au-
-delà de son histoire particulière et de l’Histoire elle-même, vers le temps du mythe.
L’écrivain situe l’action de ce roman dans le cycle changeant où le contexte historique québécois saisit toute son importance. En 1959, le Québec s’apprête à culbuter irrémédiablement dans l’ère moderne. Les libéraux font déjà campagne pour déloger Duplessis et ainsi devenir maîtres. Malgré cela, dans le roman, le mythe américain persiste, se trouvant à l’écart de l’histoire, qui se sert de lui dans son perfectionnement inévitable sans pour autant l'entailler. Lalonde transcrit un constat du divorce historique des populations blanches et amérindiennes au Québec, cependant simultanément il permet d’assister à la rencontre mythique du Blanc et de l’Indien. Selon, Jean Morency, «Robert Lalonde pousse très loin sa lecture du grand mythe pour donner une oeuvre des plus achevées et d’une parfaite cohérence. À n’en pas douter, ce roman se trouve parmi les œuvres les plus caractéristiques de l’américanité que la littérature québécoise ait produites».

«Ma Vie, Ma Folie» de Julien Bigras (psychanalyste montréalais de renom) est un roman autobiographique qui accommode en un récit certains fragments du grand mythe tout en leur attribuant un accent personnel très bouleversant. On y perçoit la constance d’un fond mythique et archétypique ayant partie liée avec l’expérience américaine et que l’on reprend chez les Québécois. L'indispensable de l'entreprise de ce roman s’étale en fonction de deux supports analogues : l’introspection psychanalytique et la quête des origines familiales. Du restreint point de vue de la temporalité ces deux axes se discernent orientés vers le passé. La quémande de la source de la famille présente dans le roman tient une place considérable. De même Bigras a un élevé intérêt en tout ce qui touche ses provenances. Il paraît tourmenté par l’énigme de ces racines, notamment au moment de l’écriture de ce roman. Il en fera par conséquent l’un des thèmes majeurs. À l’image de ses ancêtres, l’un des tout premiers gestes du narrateur consiste à rompre symboliquement avec la France. La rupture avec celle-ci ne symbolise qu’un début. La fuite en avant ne s’avère jamais absolue que si elle va toujours plus loin, même en Amérique. Il affirme : «Mais ce n’était pas uniquement mes origines paysannes qui me faisaient réagir de la sorte. Même au Québec, une sorte d’instinct animal m’attirait vers les forêts, les lacs, les rivières. Il m’était presque impossible de passer plus de cinq jours en ville, j’étouffais. Il fallait que je sorte, que je prenne le large. J’avais besoin d’éclater». Il fait un retour sur ces ancêtres en confiant à un ami le soin d’établir sa généalogie, où il apprend très vite que les premiers Bigras étaient d’hardis explorateurs côtoyant des périls de toutes sortes. Ainsi, l’auteur admet de véridiques valeurs à ces aïeuls comme la vaillance et l’habileté. Il revit les péripéties en consultant les archives et en rejoignant en même temps le temps sacré des origines. C’est une réinsertion du temps mythique qu’il opère. On perçoit ainsi une des persistances du grand mythe. Aussi l’incursion dans le sacré n’est souvent que temporaire et ne forme que l’avertissement du retour dans le monde profane. Une autre image, celle de l’Indien, procure au narrateur une nouvelle consanguinité allégorique qui acquiesce d’entrer en contact avec le passé du continent, par l’intermédiaire de ses racines américaines. Ces «Indiens» semblent définis par l’intemporalité. Ils vivent infiniment dans le temps sacré, au cœur même du mythe. Ce roman apparaît encore comme la rupture avec la France et la réintégration du passé continental des Québécois. L’œuvre de Julien Bigras se lie au mythe américain en relatant simultanément l’histoire d’un libération et d’une métamorphose et celle d’un voyage dans l’infini du temps. Ceci nous ramène au mythe familial relater en début de ce travail.

«Volkswagen Blues» de Jacques Poulain est le "Grand Roman de l’Amérique" composé par celui-ci qui réconcilie l’homme québécois avec sa destinée continentale. La recherche de la place que la conscience française occupe en Amérique ou la prospection de la part de l’âme québécoise qui est américaine en est la preuve. Ce roman vient passer un point d’orgue sur l’aventure québécoise en terre d’Amérique, en rendant désuète cette «frontière imaginaire» qui quelque part au milieu du fleuve sépare le Québec des Etats-Unis. Le dénouement du récit évacue le conflit premier entre les Blancs et les peuples autochtones, ramenant encore une fois au mythe du recommencement absolu, mais dans la solidarité des races.



Les obsessions

Et il y a aussi les obsessions qui remontent dans la littérature. Sont-elles :

x Les « Bebites » (ou Bebete) qui sont des insectes, des moustiques des conifères, des pinèdes comme la mouche à cheval à ne pas confondre avec avoir des «bébêtes» dans la tête ce qui veut dire qui empêche d’avoir l’ouverture d’esprit et d’avancer dans la vie.
x La mort est aussi une obsession car les premières œuvres écrites dans la littérature disent aux gens de ne pas venir au Canada, au Québec parce que les fameux héros meurent dans la montagne et dans la neige.
x La glace est aussi la mort. L’effet miroir fait peur. Le sens du miroir, l’autre coté qui peut être aussi représenté par la mort.
x Les arbres qui tombent…
x La foudre – les personnes ont peur d’être foudroyés…
x L’eau – les gens ont peur de mourir noyés parce que dans la poésie beaucoup de personnages meurent noyés et c’est aussi dans l’eau que se trouvent les bateaux sombres – pas ceux qui emmènent dans un paradis. L’eau est mangeuse.
x Le froid, de même que l’eau représente la mort. Dans les romans, on meurt congelé ! (Généralement dans la poésie, on meurt noyé et dans les romans, on meurt congelé).
x La désorientation est une autre des obsessions du bon canadien.
x La nature – Le fait d’être dans la Nature, le sentiment d’exil; de résignation . Puis l’homme retourne à zéro et renaît et il redevient un être bon.
x Les mines d’or – L’obsession des mines d’or vient du Nord du Canada, du Québec tout cela étant relié à la formation géologique.
x Les Rocheuses qui font parties des plus Belles montagnes tout comme les chutes du Niagara qui sont aussi les plus belles.
x Les peintres dans la littérature anglaise peignent une nature farouche tandis que dans celle française, la Nature est habitée avec des maisons, de la fumée, même des bonhommes de neige.
x L’État de Nation. Le Multiculturalisme est aussi bien une obsession.
x Le drapeau canadien qui a suscité des débats.
x Les Etats-Unis et la relation haine/amour. Les Etats-Unis ont acheté une partie du Canada et du Québec, les plus belles parties… montagnes, chutes et lacs… !!!
x Les Anglais sont une obsession pour les québécois, car ceux-ci sont plus communautaristes et les anglophones sont plus individualistes mais ce sont des droits d’individus et la littérature est imprégnée de ces obsessions.
x Les sanglots de l’homme blanc car celui-ci se sent coupable à l’endroit où devraient se trouver ces amérindiens.
x L’indien qui est une image un peu figée comme un totem – personnage qui est la représentation symbolique de cette communauté.
x L’Américanité présente dans la littérature québécoise est aussi une obsession bien présente.


En réalité, et d’après de nombreuses lectures de certains ouvrages, il y a plusieurs littératures québécoises, chacune d’entre elles illustrant l’époque, l’espace et l’ambiance culturelle qui en est à l’origine.


Ce travail est ainsi un petit aperçu de ce que peut être la littérature franco-canadienne, en général, survolant plusieurs auteurs écrivains de plusieurs mouvements et époques différentes et même origines distinctes…


L’écriture Migrante

L’écriture migrante, elle aussi, a modifié en profondeur la littérature québécoise, la conception de littérature nationale, les comportements et les attitudes de ses agents, de ses producteurs, de ses diffuseurs, de ses acteurs et de ses lecteurs. Elle a vu apparaître au Québec des écrivains et des œuvres reconnus comme migrants par le milieu littéraire. Du vaste corpus existant se dégage une évolution dont les quatre périodes correspondent à des transformations successives : « l’uniculturel» (1937-1959), «le pluriculturel» (1960-1974), «l’interculturel» (1976-1985) et «le transculturel» (1986-1997). Ainsi, cet apport de l’écriture migrante est un nouvel élément de la littérature québécoise qui contribue indéniablement à la redéfinir.

La Littérature dans le paysage multiculturel du Québec

Les sociétés canadienne et québécoise ont été amplement étudiées du point de vue de leur caractère multilingue et multiculturel. Le Québec en particulier a fait l’objet d’une réflexion distincte du fait que depuis quelques décennies, la survenue importante d’immigrants venus de tous les coins du monde a posé à cette communauté, majoritaire chez elle mais minoritaire au Canada, des obstacles nouveaux d'organisation linguistiques entre autres.
L’identité culturelle québécoise, pour sa part, est une identité en question toujours en train de se reformuler, une «identité» qui cherche à se fermer en permanence et qui, en fait, est toujours ouverte, selon Régine Robin. Cette recherche d’identité lointaine dans le temps, s’est modelée et a évolué tout au cours de l’histoire du peuple québécois – identité française en Amérique, qui a toujours alimenté la thématique des œuvres littéraires et artistiques du Québec. Ces diverses identités ont Montréal comme champ d’action et de recherche principale et c’est dans cet environnement multiculturel, multilingue et multiethnique qu’elles se développent, Montréal servant de port où les cultures d’origine et d’arrivée se mélangent, se trouvent mises en confrontation, en cohabitation ou en conflit. C’est ce contexte aussi, qui renvoie à la réalité présente, au passé ou au pays d’origine, que les œuvres littéraires représentent dans toute leur complexité, leur diversité et leur ambiguïté. Dans ce sens, l’écrivain québécois d’origine italienne Marco Micone, parle d’une «culture hybride» d’immigrant et affirme «aucune culture ne peut totalement en adopter une autre ni éviter d’être transformée au contact d’une autre. La culture immigrée est une culture de transition qui, à défaut de pouvoir survivre comme telle, pourra, dans un échange harmonieux, féconder la culture québécoise et ainsi s’y perpétuer». Loin d’être une conclusion, cette affirmation est une question posée qui appelle une réponse.
Ainsi, la littérature originaire de l’immigration montre comment la nation est devenue un critère inadéquat pour classer les œuvres ou étudier les relations littéraires et en conséquence, force les chercheurs à reconsidérer les concepts de leur histoire de la littérature et leur périodisation trop rigide et trop linéaire. Du fait que différentes cultures nationales et différents modèles culturels se rencontrent, il a fallu remettre en question l’homogénéité du groupe littéraire dit national, forçant ainsi à reconsidérer ces productions culturelles autres, soit comme des parties du système principal, soit comme des méta-systèmes qui reflètent ou non l'enchaînement dominant.
La langue et le langage sont au cœur de la problématique des littératures d’origine ethnique, comme aussi des écrits issus d’une littérature-mère : anglaise ou française.
Pour montrer comment la littérature intègre cette situation dans des formes, des thématiques et des contenus propres, il faut tenir compte des deux grandes littératures du pays : la française et l’anglaise. Car, en réalité, les écrivains des groupes ethniques qui utilisent l’une ou l’autre langue officielle du Canada y transposent, explicitement ou implicitement des données vécues dont ils montrent une face souvent cachée autrement. C’est le cas de nombreux écrivains consacrés et même canonisés dans l’un et l’autre corpus. Un récipiendaire du Prix du Gouverneur Général du Canada dans la catégorie «Roman» Nino Ricci, d’origine italienne pour « Live of the Saints » (quoique ceci soit hors-sujet du thème présenté) et un titulaire de quatre grands prix, Sergio Kokis, d’origine brésilienne, pour «Le Pavillon des Miroirs», (qui parait être un livre exubérant qui révèle un grand romancier, un sens extraordinaire de la fabulation, de la construction et du rythme, un univers tout à fait inédit dans la littérature québécoise, selon Pierre Bourque, maire de Montréal) sont des exemples parmi des dizaines. Ainsi, on peut dire que les écrivains des minorités ethniques écrivent davantage dans les deux langues officielles que dans leur langue d’origine.
Cependant, la production québécoise de langue française d’écrivains issus d’autres communautés culturelles de Montréal, dont l’histoire est l’une des plus ample et des plus variées au Canada, ne s’arrête pas là. Considérer la littérature comme emplacement élu de l’expression des dissemblances et des antagonismes, dans cette quémande d’une langue permettant de (re)trouver une identité culturelle ou nationale, relève de la discipline comparatiste qui s’intéresserait aux interactions littéraires et artistiques en tant que mode d'éclaircissement de situations sociales données.
Quelques cas exemplaires du Québec contemporain mettent en lumière les différences correspondant aux transformations idéologiques des groupes ethniques et du milieu québécois ainsi que leur interrelations culturelles dans cette quête d’identité communautaire ou nationale.
Le juge Adolphe-Basile Routhier écrit dans son « Introduction » à la réédition du Répertoire National : «La littérature d’un peuple est son verbe : c’est par elle qu’il manifeste au monde ses idées, ses croyances, ses affectations, son rôle et ses destinées». Aussi la prospection de l’originalité est-elle le souci majeur des écrivains. L’historien Edmond Lareau annonce en tête de son Histoire de la Littérature Canadienne publiée en 1867 : «… nous aurons une littérature indigène ayant son cachet propre, original, portant vivement l’empreinte de notre peuple, en un mot nous aurons une littérature nationale».
Du coté francophone, le texte fondamental est celui de l’abbé Henry-Raymond Casgrain : « Un mouvement littéraire en Canada», de 1863.
Or, l’art et la littérature servent de formes significatives aux orientations diverses que prend la recherche de l’identité chez ses différents groupes humains.
Les écrivains néo-québécois de Montréal ou bien adoptent l’une des deux langues d’usage, le français ou l’anglais, ou bien écrivent dans leur langue maternelle. Dans ce dernier cas, leurs œuvres sont renvoyées à la littérature de leur pays d’origine où elles prennent ou prendront une place, selon leur réception et leur légitimité. Mais elles ne peuvent constituer un corpus littéraire autonome, étant donné leur faible quantité et surtout leurs difficiles conditions de diffusion et de consommation. Aussi, on constate en général que les écrivains néo-canadiens ou néo-québécois ont adopté l’une des deux langues officielles comme mode d’expression littéraire.
C’est pourquoi, nombre d’écrivains considérés aujourd’hui comme les meilleurs représentants de la littérature canadienne ne sont pas canadiens de naissance. De la littérature québécoise, on remémore seulement Alice Parizeau, d’origine polonaise, Michel Van Schendel, originaire des Flandres, Naïm Kattan, né à Bagdad, Jacques Folch-Ribas, originaire d’Espagne, ainsi que d’autres émigrés d’Asie, d’Amérique latine ou du monde arabe, sans encore tenir compte de tous les écrivains venus de France ou de pays francophones, donc de langue maternelle française.
Néanmoins, la littérature québécoise de langue française existe dans une fédération politique bilingue, le Canada, qui lui laisse la possibilité de se dire «nationale». Toutefois, plusieurs ambiguïtés sont synonymes de ces discussions qui ne seront pas développées dans ce texte, non parce que son importance ne soit pas intéressante, mais parce que cela fuit un peu au thème principal. Cependant ceci est important pour expliquer le caractère nationale, français et francophone, de la littérature québécoise qui ne s’est pas toujours appelé ainsi. D’où, à la page deux de ce travail, se trouvent plusieurs sous-titres, parce que tous ont eu une importance, tous ont existé à un moment ou à un autre. On sait déjà par l’histoire du Québec que c‘est pendant les années 60 que le terme « québécois» s’est imposé. Ce qui pose des problèmes de terminologie quand il s’agit de la littérature antérieure à cette date et qui entraîne des auteurs à imposer à l’histoire littéraire toute entière l’appellation de québécoise et non celles, variant avec les époques, de «canadienne » pour le XIXe siècle, de « canadienne-française» jusque vers le milieu du XXe siècle, ou de littérature française du Québec, dans les années 50. Ce processus terminologique montre une fois de plus l’ambiguïté fondamentale du phénomène littéraire au Québec. Nonobstant, l’apport des écrivains et des œuvres d’origine ethnique depuis quelques décennies a obligé l’institution littéraire et ses agents à se redéfinir comme «québécois». Un examen prompt des articles, des études et des polémiques depuis longtemps, en particulier sur la question du multiculturalisme et du pluralisme culturel au Québec, indique clairement un changement d’attitude et de mentalité qui s’est répercuté dans le domaine littéraire. Le problème de l’identité à commencer à se poser, différemment, aux écrivains immigrants et québécois : pour les premiers une identité à conserver ou à convertir dans la langue ou la culture du pays d’adoption ; pour les autres, une identité à préserver ou à approfondir selon le renforcement de la langue et de la culture française, ou des valeurs historiques nationales.
Écrire dans une autre langue, constitue pour des immigrants, une relation particulière à cette langue de l’autre, le français québécois, aux conditions institutionnelles, esthétiques et culturelles de cette littérature, elle-même discutable en déduction de sa condition autonome par rapport à la littérature française, contiguë par rapport à la littérature canadienne anglaise, ou indéfinie par rapport aux littératures de la francophonie.
Écrire en français au Québec est pour l’immigrant épouser dans une certaine mesure la position de la langue littéraire du pays, celle de la culture qu’elle traduit, mais aussi s’est distancer pour préserver la sienne ou ce qu’il en reste, la langue d’origine porteuse d’une culture propre.
Les historiens actuels considèrent la littérature québécoise comme une littérature autonome même si c’est encore peu défini. Autonome dans le sens que ses écrivains, ses critiques, ses éditeurs, ses instances de légitimation et de consécration la reconnaissent telle.
La Révolution tranquille, dans les années 60, a été un autre moment d’effervescence qui a concrétisé cette reconnaissance d’une autonomie de plus en plus évidente de la littérature québécoise.
L’apport des écrivains néo-québécois a aussi joué un rôle dans cette présence au monde de la littérature québécoise.
De 1937 à 1959, les écrivains antérieurement ou nouvellement arrivés au Québec s’alignent sur la dominante culturelle, littéraire, sociale et institutionnelle. Leur écriture pourrait être qualifiée d’homogène, en ce sens qu’elle ne marque pas de différence par rapport à celle des écrivains québécois. La majorité de ces auteurs, sauf Alain Horic, d’origine croate, vient de France et de Belgique, dont Édouard Baudry et Paul Gury (Loïc Le Gouriadec), Michel Van Schendel, Jacqueline Mabit (retournée en France en 1948), Eugène Achard, Pierre Hamp, Théodore Koenig, Claude Haeffely ; deux sont d’Allemagne et de Suisse : Gustave Keller-Wolff et Alfred-Charles Glauser. Le français de l’un de ces derniers écrivains de langue allemande n’apparaît pas étranger, bien que les sujets qu’ils traitent renvoient à des expériences européennes liés à la guerre. Trois écrivains, des poètes avant tout, Alain Horic, Claude Haeffely et Théodore Koenig, ont participé étroitement au mouvement de l’Hexagone, fondée en 1953, et à la résurgence des formes surréalistes de la poésie québécoise de l’époque.
Les autres reprennent des thématiques connues dont le Voyage de Jaqueline Mabit et L’Enfance d’Eugène Achard.
De 1960 à 1975, il y a une diversité culturelle en accord avec la Révolution Tranquille, qui commence à changer les structures et les mentalités au Québec. Cette transformation de la vie littéraire et de la société s’accompagne dans les œuvres et chez les écrivains néo-québécois d’une écriture hétérogène, pour sa valeur d’écart par rapport à des normes et des règles explicites et / ou implicites. Trois écrivains et leurs œuvres signalent trois parcours significatifs : l’un, Jean Basile, s’oriente vers la marginalité contre-culturelle à la mode (Patrick Straram, Le Bison Ravi, épouse le même parcours) ; le deuxième, Jean-François Somcynsky, décrit le monde d’un terroriste et révolutionnaire du Québec des années 60, qui s’en écarte délibérément et s’en évade (Alice Parizeau entre dans ce courant) ; le troisième, Juan Garcia, un poète, adhère à la cause de la libération du Québec, laquelle se concrétiserait dans ses poésies par une symbolique du corps et du pays considérée comme typique des recueils publiés à l’hexagone (de Jean-Guy Pilon, Gaston Miron, Jacques Brault). On constate une sorte de cohésion dans le paysage culturel et littéraire d’alors, si l’on songe que la contre culture est aussi le fait d’écrivains québécois (Raoul Duguay, Lucien Francoeur, Denis Vanier, Josée Yvon) et que chez ces derniers les revendications nationales québécoises qui ont cours durant ces années ne sont jamais absentes de leurs œuvres.

Après 1975, la condition change. Les immigrants qui entrent dans la carrière des lettres se dissocient des questions du Québec et marquent plutôt leurs différences que leurs ressemblances avec les québécois.
La question de l’identité est désormais au cœur de l’écriture.
Les années 90 font entendre des voix venues d’ailleurs, parmi lesquelles Émile Olivier, Dany Laferrière, Marco Micone, Ying Chen et Régine Robin qui redessinent les frontières du réel et interrogent les notions d’identité, de langue, d’origine.

Mais cela n’est pas encore le voyage souhaité car beaucoup d’écrivains n’ont pas vu leur travail littéraire être reconnu dans la littérature québécoise.

Ainsi, au XXe siècle, l’un des premiers écrivains à se tailler une place de choix et non sans réticences ou débats est Louis Hémon. Le fait qu’il ne soit resté qu’un an au Québec (1911-1912), qu’il ait écrit Maria Chapdelaine après une production considérable lors de son séjour en Angleterre, n’en faisait pas d’emblée un écrivain québécois ou canadien-français. La France a lancé le livre en 1921 et en a fait un best-seller, le plus fort tirage de roman français de l’entre-deux guerres. L’écrivain Louis Hémon, désormais, figure dans les littératures française et québécoises.
Marie Le Franc, pour sa part, n’a pas eu la même chance. Née en Bretagne, elle a vécu une grande partie de sa vie au Québec. Néanmoins, elle n’a publié ses œuvres qu’à Paris et a reçu sa consécration dans son pays d’origine. Même si elle figure dans l’histoire de la littérature québécoise, elle n’y trouve une place, comme bien d’autres écrivains immigrants : Maurice Constantin-Weyer, Georges Bugnet, entre autres.
Bernard Clavel, dont la compagne est l’écrivaine québécoise Josette Pratte, appartiendrait aussi à la littérature québécoise, au moins pour ses romans qui se passent en Abitibi, mais les temps ont changé et il n’est plus question de l’inscrire dans le corpus littéraire du Québec.
Il en est de même pour Marie Cardinal, qui vit depuis plusieurs années à Montréal avec Jean-Pierre Ronfard, qu’on retient, lui, comme écrivain québécois.
Dans une correspondance que Marie Le Franc a eu avec Louis Dantin (de 1921 à 1928) où elle parle de sa poésie et de ses romans, dont l’un lui valut le prix Femina, il est rappelé que c’est une étude de Dantin sur son œuvre «Les voix du cœur et de l’âme» à l’origine de cette correspondance, qui l’a fait connaître au Canada Français. Les deux exemples de Louis Hémon et de Marie Le Franc indiquent, ainsi, une première tension dans cette entreprise de reconnaissance d’écrivains étrangers comme Canadiens-français ou Québécois.
En continuant cette dissertation sur les écrivains immigrants québécois, nous retrouvons, encore et très sommairement, Édouard Baudry avec Rue Principale, une émission radiophonique que l’auteur reprendra en livre en 1940 dû au succès remporté. Après sa mort, en 1943, c’est un autre écrivain immigrant, Paul Gury (pseudonyme de Loïc de Gouriadec) qui continuera comme scripteur de Rue Principale jusqu’en 1959. Ces deux auteurs sont venus au Québec, l’un, Baudry, de Gand en Belgique, en 1928, l’autre Gury, de Vannes en Bretagne, en 1906.
C’est en 1938 que paraît «Monseigneur Laflèche et son temps» de l’historien Robert Rumilly et en 1941 que Jacqueline Mabit vient rejoindre son mari, Pierre Baillargeon, qu’elle avait connu à la Sorbonne en 1939, pour rester au Québec avec lui jusqu’en 1948. Durant cette période en terre canadienne, la romancière publiera « La fin de la Joie» (qui paraît en 1945) et «Les Hommes ont passé», en plus de collaborer d’abord à la revue «L’Amérique française», fondée en 1941 par Baillargeon et Roger Rolland, puis au journal «Notre Temps » et à «Photo-Journal ».
À cette même occasion, on remarque «Les Médisances de Claude Perrin » de Pierre Baillargeon et « La fin de la Joie» de Jacqueline Mabit, qui sont des repères pour l’époque, avec, la même année, «Nézon » de Réal Benoît et l’année précédente «Les Îles de la Nuit» d’Alain Grandbois.
L’œuvre «Les Médisances de Claude Perrin » de Pierre Baillargeon est une critique sarcastique et ironique de la société québécoise et surtout de son système éducatif.
« La fin de la Joie» de Jacqueline Mabit propose un récit à la fois nouveau et choquant pour l’époque, celui d’une passion amoureuse entre deux jeunes filles. Dans la société moralisatrice de l’époque, un tel sujet ne pouvait passer inaperçu.
Un autre immigrant, Alfred Glauser, publie «Le Vent se lève» en 1941. Ce roman décrit l’exil de personnages venus de Suisse dams les Prairies de l’Ouest, tandis que celui de Pierre Hamp «Hormidas le Canadien» accumule les clichés sur la campagne québécoise, les descriptions caricaturales d’une implantation industrielle, d’interminables dissertations sur le clergé, le syndicalisme confessionnel, les comparaisons entre la France et le Québec (que l’auteur, d’ailleurs, confond avec le Canada).
Gustave Keller-Wolff, d’origine allemande, émigra au Québec durant la Seconde Guerre Mondiale et publie, en 1943, «La Revanche du Destin» qui est bien caractérisé par son sous-titre «Roman International» l’action se déroulant dans plusieurs pays européens avant et pendant la guerre.
Eugène Achard montre, lui, une intégration parfaite à la vie littéraire du Québec. Arrivé en France en 1900 à l’âge de seize ans, il publie le premier de ses nombreux livres en 1921. Il est surtout connu comme auteur et éditeur de littérature jeunesse, fondateur, directeur, éditeur et rédacteur de revues pédagogiques pour enfants.
Alain Horic, venu de France en 1951, mais né en Croatie, publie «L’Aube Assassinée».
Claude Haeffely, arrivé à Montréal en 1953, publie «La Vie Reculée», et «Le Sommeil et la Neige». Quand il arrive au Québec, il apporte avec lui une vision nouvelle du surréalisme et une expérience d’éditeur artisanal. D’autres publications : «Notre Joie» où l’automatisme se module aux rythmes du jazz, traduisant les projections du désir, érotique surtout. Son influence se poursuit dans plusieurs décennies où il a été à l’origine d’un développement de genres ou d’initiatives génériques qui ont transformé la littérature et l’action littéraire. Par exemple, dans les années 60, il a participé à l’avènement de la bande dessinée québécoise qui en était alors à ses débuts. Son rayonnement littéraire s’est poursuivi à titre de fonctionnaire provincial, au Ministère des Affaires Culturelles, où il fut un moment responsable de «Culture Vivante» (revue) où il publie pour la première fois en 1966 un extrait de «La Marche à l’Amour» de Gaston Miron. Et il a encore travaillé avec Roland Giguère dans sa maison d’édition (de Giguère). Chez Roland Giguère la profusion des images, souvent insolites, trouve son pendant chez les surréalistes français.
Théodore Koenig, né à Liège en Belgique, séjourne quelques années au Québec et publie «Le Jardin Zoologique : écrit en mer», «Clefs Neuves» et «Poèmes ouverts et Poèmes fermés».
Auguste Viatte, personnage qui a œuvré dans plusieurs domaines du champ littéraire, né en Suisse à Porrentruy, venu au Québec en 1933, où il enseigne la littérature à l’École Normale Supérieure de L’Université Laval jusqu’en 1949. Il publie en 1952 «Histoire Littéraire de l’Amérique Française» qui traite des littératures françaises de toute l’Amérique, renouvelant la vision historique dépassée et même figée de la littérature canadienne française, qu’était celle de Camille Roy, le seul historien avant lui en cette matière. Dès son arrivée au Québec, il a participé aux institutions didactiques et littéraires et en 1943 il est vice-président de la Société des professeurs de français en Amérique, rédacteur à «La Nouvelle Relève», collaborateur à la revue de Guy Silvestre «Gants du Ciel» et ainsi de suite. Il a aussi collaboré à «Le Devoir» et à des revues «La Revue Populaire» et «La Revue de L’Université Laval». Il est de ceux qui, depuis la fin du XIXe siècle, ont apporté une contribution à la connaissance de la littérature en général et de la littérature canadienne-française. Ainsi, durant son séjour à Québec, de 1933 à 1949, il a contribué à la promotion des études littéraires.
En 1907, Camille Roy a publié son «Tableau de la Littérature Canadienne» qu’il repris en 1918 sous la forme d’un «Manuel d’Histoire de la Littérature Canadienne Française».
De 1923 à 1945, le Chanoine Émile Chartier a présenté des «Cours d’Histoire de la Littérature Canadienne».
Plusieurs écrivains ont, néanmoins, apporté une contribution remarquée comme Jacqueline Mabit, qui a participé avec son mari Pierre Baillargeon à la fondation de la Revue «Amérique Française» et collaboré À des journaux sérieux comme «Notre Temps» ou populaires comme «Photo-Journal». Comme encore, Michel Van Schendel qui a participé à «Liberté» puis à «Socialisme et Socialisme Québécois», «Contradictions», «Parti Pris» et «Brèche».
Édouard Baudry a mis la forme au point avec «Rue Principale» et «Par le trou de la serrure».
Eugène Achard, auteur de récits et légendes, surtout de contes, dont certains prennent le titre d’un de ses périodiques pour la Jeunesse «L’Oiseau Bleu». En 1941, il publie aussi ses premiers romans destinés spécifiquement pour la jeunesse «Gouhou Gouhou, la Sorcière» et «La Caverne des Rocheuses». Il avait été précédé dans le genre par Marie-Claire Daveluy dont le premier roman «Les Aventures de Perrine et Charlot» inaugure ce genre dédié aux jeunes. Puis il créa aussi un périodique pour la jeunesse «La Ruche Écolière».
Paul-Marie Lapointe dans «Le Vierge Incendié » (1948) traite, sous une forme presque expérimentale, le thème, comme les poètes québécois d’alors, de l’appropriation du réel par le langage, de la révolte, de la libération par l’amour, de la mort violente, tout cela modelé comme une « Partition de Jazz».
Chez Gilles Hénault la mort apparaît mais comme au bout d’un périple où le voyageur cherche à lui échapper.
À la fin de la Guerre, la maison d’éditions a dû accentuer ses publications québécoises dont les romans de Charbonneau et d’autres auteurs susceptibles de toucher le public d’alors comme Rex Desmarchais, Anne Hébert, Roger Lemelin, Yves Thériault et Jean-Jules Richard.

Dans les années 50, le père Samuel Baillargeon adoptait la formule pédagogique de Lagarde et Michard, mais sans s’être vraiment livré à de nouvelles recherches.
Pierre de Grandpré lançait avec le concours de plusieurs universitaires une grande histoire de la littérature française d’Amérique, mais sans recherches concertées.
D’autres auteurs comme Claude-Henri Grignon, Roger Lemelin, Victor-Lévy Beaulieu, Michel Tremblay, Arlette Cousture, Louis Caron, Yves Beauchemin reçoivent des commandes intéressantes car leur réputation littéraire les a imposés à la télé, mais le petit écran a décuplé leur rayonnement.
D’autres écrivains comme Gilles Marcotte, André Brochu, Georges-André Vachon, Jean-Marcel Paquette, André Berthiaume, André Vanasse, Fernand Dumont, Jacques Brault, Adrien Thériault, Pierre Châtillon concilient dans l’enseignement universitaire leur écriture avec leur gagne-pain. De plus, ils exercent une influence considérable sur l’évolution de la littérature.
Moins accaparés par la recherche des professeurs peuvent s’adonner plus librement à l’écriture et ces parmi eux que se recrute l’avant-garde. On réfère Philippe Haeck, Claude Beausoleil, Robert Baillie, Hugues Corriveau, François Charron, Lucien Francœur, Normand de Bellefeuille.
Plusieurs autres écrivains travaillent dans des maisons d’édition comme Nicole Brossard, Victor-Lévy Beaulieu, Michel Beaulieu, Roland Giguère.
Les femmes aussi font une percée remarquable sur la scène littéraire, tout comme Suzanne Lamy, Yolande Villemaire, France Théoret et Marie-José Thériault.
Beaucoup plus d’auteurs écrivains immigrants mais de littérature québécoise pourraient pareillement être mentionnés, mais pour cela je devrais écrire encore des pages et des pages…
Une seule brève référence, pour récapituler des créateurs déjà référencés, a été faite.

Mais survolons la littérature québécoise d’une autre façon :
Par «Les époques » et « Les genres littéraires »

C’est ainsi que les écrits de la Nouvelle-France (nom qui a été donné aux possessions françaises au Canada pendant les XVIIe et XVIIIe siècles) sont très liés aux classiques européens : les textes du XIXe siècle sont, pour la plupart, des documents de caractère sociologique, idéologique et historique.
La littérature acadienne (les Acadiens sont des descendants des premiers colons français de l’Acadie qui, initialement, se limitaient au territoire de la Nouvelle – Écosse mais qui actuellement font partie du New Brunswick – ceci étant important pour mieux se comprendre cette littérature), celle-ci, se différencie de la littérature québécoise contemporaine.

Le monde littéraire franco-canadien est ainsi très riche. Dès la Renaissance jusqu’à nos jours, on y inclut des écrivains nés en France, aux Etats-Unis et dans beaucoup d’autres lieux…
Ainsi, on considère (selon les écrits) le roman «Maria Chapdelaine», rédigé par un français, Louis Hémon , comme une œuvre de la littérature franco-canadienne ; c’est aussi le cas de «La Forêt» (1935), de Georges Bugnet, français demeurant à Alberta.
Certains éléments de la mythologie amérindienne sont présents dans les « Relations des Jésuites » du XVIIe siècle.
Pendant le XXe siècle, l’ethnologue Marius Barbeau s’est inspiré dans les légendes et les rituels des indiens « tsimsyans » de la Colombie Britannique pour écrire son tragique et épique récit « Le Rêve de Kamalmouk » qui est considéré pour beaucoup de personnes comme la plus belle œuvre de littérature canadienne. La première version de ce roman ethnographique et poétique est apparu antérieurement en anglais (The Downfall of Temlaham » à Toronto en 1928.

La période coloniale française (1608 – 1760)

Sous le Régime Français (car en 1763, la signature du traité de Paris consacre la chute de la Nouvelle France qui devient alors une colonie anglaise) un grand nombre de découvreurs, explorateurs, visiteurs et missionnaires (comme le célèbre explorateur et navigateur Bougainville) ont écrit des lettres, des journaux de bord, des mémoires, des sermons et des traités qui , avec le temps, ont perdu de leur intention première et intuition immédiate, soient-elles diplomatiques, administratives ou publicitaires et sont devenues de grande valeur par leur contenu littéraire.
Il y a ainsi des écrivains comme Savard, Perrault et Vigneault dont les contes et poèmes s’inspirent sensiblement dans les récits de voyages attribués à Jacques Cartier.

À la recherche des sources de la littérature franco-canadienne, il faut réellement réintégrés les écrits des évêques et gouverneurs, jésuites et généraux, entre autres comme Montcalm et Lévis.
On peut choisir entre les sept mille lettres de la mystique Marie de l’Incarnation (religieuse et missionnaire française qui a fondé et dirigé le premier couvent des « Ursulines » (Communauté de femmes instruites – Les Ursulines – venant de Sainte Ursule – commune qui a marqué la vie au Québec) et la correspondance mondaine et romanesque de Madame Bégon avec son gendre, le commissaire de la Louisiane. Ou alors, peut-on comparer la description des habitudes, coutumes et activités de la colonie faite par Colbert à Pierre Boucher en 1664 avec le récit ingénue et amusant de Recollet Gabriel Sagard, « Grand Voyage au pays des Hurons » publié en 1632. On peut encore revivre les discussions entre les jésuites et le Baron de Lahontan, Louis Armand de Lom d’Arce de Lahontan, de même que celui-ci met en scène ses débats avec le chef indien dans les fameux « Dialogues », supplément de ses imaginaires «Voyages» et des critiques et philosophiques Mémoires qui ont tellement fait influence sur Voltaire, Diderot et Swift, au XVIIIe siècle et même plus tard Chateaubriand.

Après la défaite des Français en 1759, la vie intellectuelle est arrivée dans une période de profonde léthargie due au retour en France de l’élite de la société coloniale. Après la conquête de la Nouvelle France par l’Angleterre deux tiers de la classe dirigeante sont retournés en France ou se sont établis dans les Antilles ou en Louisiane.

Mais en 1791, elle a été réanimée par l’établissement de l’Assemblée Législative (en 1791, la colonie est divisée en deux parties : le Haut Canada – l’actuel Ontario et le Bas Canada – le Québec, chacun ayant le droit de choisir sa propre Assemblée Législative) et par la fondation, en 1806, du journal « Le Canadien » qui est devenu le porte-parole de l’opposition.
La Révolution Française et l’Empereur Napoléon commençaient à inquiéter les auteurs britanniques et l’Église, quoique l’analphabétisme général ait ainsi maintenu les agriculteurs du Bas Canada (Québec) éloignés des nouvelles idées de liberté, progrès et raison. Les passions de leurs famille de l’Outre-Mer leurs seraient transmises par un chevalier Voltairien et romantique qui est Louis-Joseph Papineau, légendaire figure de populaire éloquence.

Aussi, l’historien national François-Xavier Garneau, munit de documents qui démontrent ses thèses, il a donné de la forme et du style aux idées de Papineau (bien comme celles de Lamennais et Michelet) sur la souveraineté du peuple. Son œuvre « Histoire du Canada » écrite en forme de réponse au récit de la rébellion de 1837 -38 de Lord Durham est un texte fondamental qui inspire poètes, orateurs et journalistes.



Les Œuvres du XIXe siècle

Ce groupe a dominé le monde des idées et de la littérature jusqu’en 1860, quand les ultraconservateurs (qui défendaient les positions catholiques et françaises traditionnelles contre la tendance séculière) dirigés par l’évêque de Montréal, Monseigneur Bourget, ont vaincu l’Institut Canadien et ses penseurs « rouges », les libéraux démocratiques.
Arthur Buies, formé à Paris, est un de ceux qui persévèrent dans cette lutte. Ses « Lettres sur le Canada » sont, sans aucun doute, un beau récit, mais sa « Lanterne » malheureusement s’éteindra avant celle de Rochefort.
Dans le livre « L’avenir du peuple canadien français» écrit en 1896, Edmond de Nevers affirme que l’avenir des franco-canadiens est dans les arts, dans les sciences et dans les villes historiques. D’ailleurs, pendant tout le XIXe siècle, on propage la survie, la tradition, et le retour dans le passé. Pour l’élite franco-canadienne de l’époque, les années dorées remontent à des époques lointaines et anciennes qui décrivent la « vraie » France.

La tranquillité de ce stérile humanisme académique est très rarement troublée par l’apparition d’un roman ou d’une poésie. La production littéraire se limitant à reproduire fidèlement la moralité et les concepts officiels louant la culture de la terre et le puritanisme.
Alors, les romans historiques et les contes ruraux se suivent ennuyeusement.
La poésie lyrique adopte un langage excessivement guerrier ou lugubre, sombre et sinistre.


Le Folklore


La tradition orale et le folklore, enrichis par les amples réunions des longs hivers dans le sein de la famille (qui pouvait être très nombreuse) font oublier les genres officiaux. C’est alors que les contes, les légendes et les histoires viennent combler l’absence de romans – à l’exception de « La Terre Paternelle », publié sous plusieurs titres – entre 1837, date de publication de « Les Chercheurs de Trésor ou L’influence d’un livre », une fantaisie magique de Philippe Aubert de Gaspé Fils, en 1881, date de publication de « Angeline de Montbrun», feuilleton psychologique de Laure Conan.

À partir de 1860, une élite d’écrivains commence à découvrir la potentialité des traditions populaires. Le patriarche Aubert de Gaspé Père évoque « Les Anciens Canadiens » dans ses mémoires, le médecin Joseph-Charles Taché s’inspire dans les « Forestiers et Voyageurs », le parlementaire Louis-Honoré Fréchette peint un authentique tableau de l’époque dans ses « Originaux et détraqués ». Arthur Buies, écrivain délicat en plus de journaliste, remplit ses « Chroniques » de vivacité et grâce.

Un autre écrivain qui n’avait pas la moindre conscience de ses qualités était la jeune Henriette Dessaulles, plus connu par Fadette (son pseudonyme) qui, de 1874 à 1880, a écrit un « Journal » admirable de son adolescence, seulement publié en 1971 «Journal d’Henriette Dessaulles». Sa contemporaine, Eudore-Joseph Éventurel, publie ses « Premières Poésies » qui, malheureusement, seront les dernières.


La Poésie


Les Poèmes de Nelligan

Émile Nelligan irait beaucoup plus loin que Évanturel. Poète de l’école de Rimbaud, il a été marqué par un destin tragique qui l’a fait devenir fou très jeune à l’âge de vingt ans, après une période de création intense et vitale. Il avait assimilé les aspects essentiels de l’école parnassienne et la sensibilité, la décadence et le symbolisme romantiques. Selon Georges-André Vachon, dans « L’ère du silence et l’âge de la parole » (1967) « Le caractère dit pathétique des poèmes de Nelligan se doit au fait qu’ils soient tellement littéraires, en créant en même temps l’impression d’être tellement pétillants et d’avoir une vie. L’élévation de Nelligan se trouve dans le fait d’avoir découvert, par soi-même, le chemin à l’universalité».
Malgré qu’il ait été le seul et unique grand poète de l’école littéraire de Montréal – important mouvement en genre de stimulation et de publicité - Nelligan s’est maintenu éloigné des positions officielles éthiques et esthétiques. On peut le voir dans son poème « Clair de Lune intellectuel » qui n’a rien de descriptif ou de pittoresque. Ou alors dans son poème « Soir d’hiver » où il est plus austère, plus pur….
Ainsi, Nelligan ne traduit pas ses idées, il ne compose pas de la musique, non plus : il écrit. Il a été critiqué par son « culte de parole », bien comme, des années plus tard, le romancier Réjean Ducharme, qui incorpore l’œuvre et le mythe de Nelligan dans ses propres écrits. Le jeune poète de 1899, (abattu à peine à vingt ans), est considéré comme le premier représentant québécois de l’âge moderne.
Selon Jacques Miron dans « La Poétique d’Émile Nelligan » « La relation avec la langue change, au fur et à mesure que le poète ne la considère plus comme un moyen de communication mais comme l’instrument qui engendre le thème car ce sont les mots qui pensent et qui parlent, d’où l’attention attribuée à sa forme phonique et à son sens occulte».


Le Vers Libre

Quelques dizaines d’années passent avant que la nouvelle poésie suggérée et préconisée par l’œuvre de Nelligan arrive à s’imposer. Le Vers Libre est introduit au Québec en 1920 par Albert Dreux («Le Mauvais Passant») et Jean Aubert Loranger, remarquable poète. Le mouvement reçoit sa plus grande impulsion de Hector de Saint-Denys Garneau, un autre jeune poète qui nous quitta à l’âge de trente et un ans. Son livre « Regards et jeux dans l’espace » (1937) rassemble un langage simple basé sur des images géométriques, d’originale désarticulation syntactique, avec une fondamentale interrogation sur la vie, la mort, le mot et le silence.
Anne Hébert, cousine de Garneau, possède la même rigueur, les mêmes thèmes obsessifs (la chambre fermée, la simplification au squelette), qui la conduisent dès une authentique descente dans les Enfers («Le Tombeau des Rois») à une extraordinaire ascension à la lumière («Mystère de la Parole»).
Le Voyageur Alain Grandbois a un style plus subtile, plus garni, des rythmes maritimes aux cosmiques et c’est ainsi que « L’Étoile pourpre » est l’étoile d’un cœur et d’un monde atteint par la guerre, la séparation et l’exil.
Rina Lasnier, la quatrième des « fondateurs » de la poésie québécoise, explore « Le Malemer » et crée « Le figuier maudit » et l’arbre de la croix («L’Arbre Blanc») dans le désert de l’amour mystique.


Le Roman

Le traditionnel roman franco-canadien atteint sa culminance dans le livre très connu de Louis Hémon, « Maria Chapdelaine », très loué, critiqué et imité par les romanciers des années trente. On peut le voir dans l’histoire de l’Abbé Félix-
-Antoine Savard, « Menaud, Maître-draveur», une fable poétique et patriotique ensorcelée par les voix avertissantes de Maria.
Quelques années plus tard, « Un Homme et Son Péché » de Claude-Henri Grigon, histoire rurale du genre explorée par le cinéma et la télévision dans plusieurs épisodes, bien comme le puissant roman historique et géographique de Léo-Paul Desrosiers, « Les Engagés du Grand-Portage » viennent succéder à Maria Chapdelaine sans qu’ils possèdent toutefois sa beauté de forme.
La Nouvelle « La Scouine » de Albert Laberge, journaliste qui a aussi écrit des contes naturalistes du style de Maupassant, a un ton plus violent, plus dramatique mais inachevé.
Par contre, Germaine Guèvremont («Le Survenant») offre une prose limpide, transparente, lumineuse, de vastes horizons, où la mer et le ciel se fondent et confondent avec les arbres, et l’agriculture cède finalement sa place à l’aventure.

Néanmoins, les œuvres classiques sont celles qui s’insèrent dans le contexte urbain – « Au pied de la Pente douce » (1944) de Roger Lemelin et « Bonheur d’Occasion » (1945) de Gabrielle Roy. Le premier avec sa séquelle « Les Plouffe », fut reproduit sur toile après avoir délectée des millions de spectateurs à la télévision. La deuxième a obtenu le Prix Fémina de Paris, et a été éditée et analysée sous tous les angles. Ces œuvres, considérées par les uns comme étant des compositions ingénues, pures et candides, populaires et mélodramatiques, soudainement elles ont lancé la Ville du Québec et Montréal dans le monde de l’imagination sociale. Derrière les héros Balzaciens, un peuple en transit surgit en évolution. Les paroisses rurales se transforment lentement dans des banlieux des capitales et des métropoles qui, à leur tour, se libèrent de l’idéologie conservatrice et cléricale nommée le « duplessisme », en hommage au Premier Ministre du Québec, Duplessis.


Les Revues

À partir des années trente, l’édition, les revues et la critique connaissent une extraordinaire expansion.
Pendant que l’Abbé Groulx, le deuxième historien national, prêche sur tous les pupitres et inspire plusieurs mouvements de droite, des petits groupes de jeunes fondent, achètent, lisent et recherchent leurs propres solutions dans des Revues comme « Les Idées », « Vivre », « La Relève », « Gants du Ciel » et « Amérique Française » entre autres moins connues. La plus fameuse d’entre toutes ayant été « Cité Libre » (1951) de Pierre-Elliott Trudeau et Gérard Pelletier, deux intellectuels qui deviendraient plus tard, respectivement, le Premier Ministre du Canada et l’Ambassadeur Canadien en France.

La Seconde Guerre Mondiale a ouvert de nouveaux horizons pour le Canada et pour le Québec.
Jacques Ferron (écrivain de «La Nuit») rappelle que « Loin d’avoir un effet préjudiciel et néfaste dans ce qu’il y avait de français, la guerre a accentué l’information, l’édition et la création ».

Ainsi, à Montréal, des visiteurs et conférenciers très illustres passent comme André Breton et Antoine de Saint-Exupéry.
Le Curé Couturier vient de New York parler de peinture avec Paul-Émile Borduas et ses collègues, d’où le Manifeste « Le Refus Global » (1948).
À partir de ce moment, le dogme officiel est contesté publiquement par les poètes de l’Hexagone (édition fondé par le poète Gaston Miron – auteur de «L’homme rapaillé» (1953), les intellectuels et d’autres penseurs à partir de Radio Canada, le réseau de l’état de Radiodiffusion et Télédiffusion, du journal « Le Devoir » et dans certains cercles universitaires : l’anachronique régime de Duplessis commence à périr.


La Poésie « du Pays »

Le nationalisme basé sur le traditionalisme et sur la survivance est remplacé par les réformes de la « Révolution Silencieuse » au début des années soixante et par le « Séparatisme » (mouvement concernant la séparation du Québec du reste du Canada). La revue « Parti Pris » et plusieurs autres mouvements ne se font pas attendre pour joindre le séparatisme à leurs causes de socialisme en appliquant au Québec les théories de décolonisation. L’effervescence se généralise partout dans tout cercles publiques, académiques et de la communication.

Ainsi, celle qui est surnommée la « Poésie du Pays », qu’on aurait pu tout autant appelé la poésie du crie, du mot ou du silence total, détient un rôle extraordinaire.
Gaston Miron proclame avec une magnifique fermeté dans son lumineux « Octobre » :
« Nous te ferons, Terre de Québec
lit des résurrections
et des mille fulgurance de nos métamorphoses. »…

Aussi, le « Pays sans Paroles » de Yves Préfontaine est contesté par Giguére dans son « Âge de la Parole » et Paul Chamberland rajoute à l’épique lyrisme de « Terre Québec » l’autocritique, l’incertitude et le violent désespoir de « L’Afficheur hurle ».
D’autres poètes, concernés moins radicalement, écrivent d’admirables séquences tout en manifestant leur approbation de l’époque (« Mémoire » de Jacques Brault) et de l’espace (« Arbres » de Paul-Marie Lapointe).


L’apothéose du Roman

Le Roman connut son apothéose en 1965-66, avec le parvenue synchronique de travaux très remarquables comme ceux de Marie-Claire Blais (« Une saison dans la Vie d’Emmanuel » - prix Médicis), de Jacques Godbout (« Le Couteau sur la Table »), de Jacques Ferron (« La Nuit » - le premier volume d’une trilogie fantastique), de Gérard Bessette (« L’incubation » - très « branché») et, principalement, de Hubert Aquin et Réjean Ducharme, acclamés comme des révélations et comme des génies.

Le point culminant de l’œuvre romanesque d’ Hubert Aquin est « Prochain Épisode », roman caractérisé par des mouvements délibérés, des plans d’action définis (espionnage, amour, politique, culture), rythme endiablé et style impeccable. D’ailleurs, pendant que Jacques Ferron parlait d’un pays incertain, Hubert Aquin dit « Notre histoire n’entamera que le moment incertain où se déclenchera la guerre révolutionnaire ».
La révolution est toujours dans l’avenir, au loin, après les épisodes contemporains de l’histoire qui contient l’événement de l’intrigue et le pilier historique et politique. Il dit encore : « Je n’écrit pas ; je suis écrit… ». « Prochain épisode » est une synthèse utopique et une interrogation radicale. Il affirme aussi dans « Trou de Mémoire » : « Il faut tout nommer, tout écrire avant de le faire exploser ; il est indispensable de tout définir pour le connaître, appeler la révolution par son nom avant même de la faire ». Aquin l’appellera par son nom jusqu’à son suicide en 1977. Dans son roman « Prochain épisode », il affiche une bonne maîtrise des codes de la postmodernité, mais pas autant que dans « Trou de Mémoire » qui apparaît un modèle du genre de modernisation de sa technique.
Chez Anne Hébert, l’évolution est encore plus visible. Son roman «Kamouraska», publié en 1970, se distingue par une rare qualité d’écriture, mais reste d’une organisation assez conventionnelle.
La violence révolutionnaire et l’esthétique baroque d’Aquin sont succédées par une certaine anarchie verbale et existentielle du jeune Réjean Ducharme. Mais ce n’est pas pour cela que son pacifisme est moins lucide, agressif ou désespéré. Lui aussi, il cherche la lueur du matin après l’ombre de la nuit, l’épisode éternellement métaphorique qui donnera un sens aux mots et aux gestes de dépréciation. Ainsi, Ducharme poursuit son rêve dans « Les Enfantômes », « L’Hiver de Force », « Le Nez qui Vogue », soit, dans ce funeste équivoque qu’est la vie et plus spécifiquement la vie adulte en société. En plus de romancier et dramaturge (ses pièces de théâtre ont un caractère de parodie), Réjean Ducharme a composé d’admirables chansons interprétées par Robert Charlebois, et des routiers pour les derniers films de Francis Maniewicz. La publication de «L’avalée des avalées», marque une rupture plutôt qu’une évolution. Ce premier roman publié à grand renfort de publicité fut un choque.

Aussi, le professeur et critique psychologique Gérard Bessette et le Cinéaste et animateur Jacques Godbout essaient toutes sortes de narratives, plus comme des brillants intellectuels que comme des créateurs.
Marie-Claire Blais essaie de caricaturer le roman de la terre avec ses clichés de famille nombreuse et ses cycles d’ haine et d’amour, mais son feuilleton « Saison » s’encadre parfaitement dans le « réalisme grotesque ».
Gérard Bessette, dans « Le Cycle » parle de la fin de guerre tout en démontrant des images de mots, des images de départ. Il écrit avec des phrases longues et sans ponctuation, toujours au présent de l’indicatif. C’est ainsi un texte très visuel, l’enfant et le rythme étant toujours présents. Chez G. Bessette la pratique du joual est avant tout une tentative de ressaisir un parlé d’une manière réaliste et pédagogique et de le confronter au langage des intellectuels.
Jacques Ferron, un excellent narrateur, se situe avec Yves Thériault (« Agaguk» et «Ashini ») et avec Roch Carrier (« La Guerre, Yes Sir ! ») dans le croisement de la littérature orale et écrite, du mythe et de l’histoire. Les personnages créés par ces auteurs sont des marginaux généralement du type amérindien, qui varient du bohémien rural à l’ivrogne urbain et qui finissent par changer le monde en recommençant une nouvelle vie grâce au pouvoir rénovateur du mot. Ces concepts, on peut les retrouver à nouveau dans les histoires et monologues de l’acadienne Antonine Maillet.


Le Théâtre

Avec la création de « Belles-sœurs » de Michel Tremblay en 1968, le théâtre remplace le roman d’après l’attention du public. Le théâtre québécois eut une évolution à petits pas et sa présence ne fut remarquée qu’en 1948, avec l’apparition de « Fridolinades » et « Tit-Coq » de Gratien Gélinas, suivis des drames sociaux et romantiques de Marcel Dubé, où les jeunes - chômeurs, délinquants, fils à papa riche – ont un rôle très important (« Zone »).
Le répertoire international présenté à Montréal par les Compagnons de Saint-Laurent, groupe fondé en 1937 et conséquemment par le Théâtre du Nouveau Monde, Les Apprentis Sorciers, Les Saltimbanques, a petit à petit créé un public nouveau et plus exigeant.
Michel Tremblay (qui a écrit des pièces de théâtre, des romans, des documentaires et des livres), Jean-Claude Germain, Jean Barbeau et la plupart des dramaturges québécois contemporains ont réussi à immiscer la tradition populaire ou folklorique inclus dans les monologues, les pièces et les fêtes populaires avec les montages les plus modernes et les plus provocateurs. La pièce de théâtre de Tremblay, « Belles-sœurs », n’a ni d’argument ni de personnages masculins, et c’est une série de flash-back, de cœurs brisés, tout en langage désarticulé du joual (dite langue québécoise, langue parlée au Québec – dialecte de bas jargon plein d’anglicismes, mais aussi de feu et de drame, langue du peuple parlée au début des années 70, franglais, patois au Québec, lien entre langue, religion et oralité), ce fut une pièce avec beaucoup de succès, à l’affiche pendant plus de six mois. C’était une pièce de théâtre qui représentait comment les québécois parlaient et l’idée était de faire un « click » pour que les québécois parlent mieux, néanmoins ceux-ci ont eu l’effet inverse – ils se sont dit que si on parlait comme cela au théâtre, tant mieux c’était bien comme ça ! Des femmes, des homosexuels, des délinquants et des marginaux envahissent la scène jusqu’ici domaine des classes privilégiées. Plusieurs groupes ou compagnies de « agit-prop » (théâtre qui réunit l’agitation avec la propagande dans leurs spectacles d’intervention et dont l’origine remonte à la révolution russe de 1917) sortent dans les rues pour véhiculer leur message. A la fin des années 70, le théâtre retourne aux cafés, aux petits auditoriums et aux écoles, pendant que la revue « Jeu »accompagne ses multiples activités.
Il a aussi encore publié «Un Ange Cornu avec des Ailes de Tôle» qui prolonge et amplifie, à travers la mémoire, un véritable chant d’amour à l’unique passion d’une vie : les livres. Par la magie des mots et le jeu des signes il découvrait qu’au fond des livres bat le cœur du monde.
Aussi, les pièces de théâtre de Jean Barbeau «Manon Lastcall» et «Joualez-moi d’Amour» utilisent le joual dont il a déjà été question dans ce travail et sont des parodies qui animent quelconque lecteur ou spectateur. Le joual brise le rythme de la langue française tout en utilisant des mots de l’ancien français.


L’Essai

Un autre genre qui a fleurit au Québec est l’essai.
« Les Insolences du Frère Untel » de Frère Untel, pseudonyme de Jean-Paul Desbiens, a été un des livres les plus lus en 1960. « Le Joual de Troie » de Jean Marcel obtient un succès plus éminent en 1973.
Entre les historiens Brunet, Frégault et d’autres studieux de l’humanisme, comme les sociologues Fernand Dumont («La Vigile du Québec»), Jean-Charles Falardeau et Marcel Rioux («Les Québécois»), une élite spécialisée ressurgit capable d’envelopper le monde de la fantaisie et la liberté sociale dans ses écrits. Dans les essais « La Vigile du Québec » de Dumont et « Les Québécois » de Rioux, la qualité littéraire se fusionne avec la dimension politique.

À son tour, la critique littéraire existe déjà depuis longtemps dans les revues et dans les journaux.
Jean Éthier-Blais et Gilles Marcotte abandonne les grands journaux français « Le Devoir » et « La Presse » de Montréal pour enseigner à l’université. Les recherches et la création se fondent, se confondent et fécondent dans les revues d’avant-garde comme « La (Nouvelle) Barre du Jour », pratiquement une «école» bien comme la collection de « Herbes Rouges » dans la poésie.
Nicole Brossard, François Charron représentent, sans le diriger, ce double mouvement de modernité et d’inquiétude avec le propre texte.
Nicole Brossard poète canadienne québécoise, écrivain féministe lesbienne, mais ne produisant pas de la littérature féminine. Les courants féministes sentent moins le besoin de s’imposer car c’est déjà gagner.
Le simple plaisir de la narration de contes persiste et renaît dans la main d’écrivains comme Jacques Poulain « Les Grandes Marées », Louis Caron « L’Emmitouflé », et le puissant Victor-Lévy Beaulieu, qui ont subi beaucoup plus d’influences à travers les écrivains américains que par les journaux parisiens. Beaulieu, en particulier, a transformé son magnétisme pour Melville dans une spectaculaire lecture de fiction autobiographique, autocritique et fantastique. Il explique : « Ce que je recherche à Melville c’est ce que je ne trouve pas en moi : la vie catastrophique, le carambole fabuleux. Je n’ai même pas commencer : je suis comme mon pays … ».
L’espace et le pays varient d’un écrivain à l’autre et aussi, d’une période à l’autre.
Gabrielle Roy, au Québec depuis 40 ans, est venu des Prairies. Ses livres se relayent des romans urbains, situés à Montréal aux contes de Manitoba rural. Une de ses œuvres la plus émouvante et impressionnante « Ces enfants de ma vie » rappelle ses expériences vécues, rêvées et écrites comme enseignante à l’Ouest entourée par un univers de races.
Sur la Côte Est, Antonine Maillet, acadienne résidant à Montréal, reçoit, en 1979, le prix Goncourt pour son livre «Pélagie-la-Charrette», qui raconte l’odyssée d’un exilé, deux siècles en arrière, retournant de l’Amérique du Sud vers l’Amérique du Nord car les acadiens, inspirant des soupçons aux colons d’origine britannique principalement à cause de leur refus de jurer fidélité à la Couronne de l’Angleterre, sont déportés de la Nouvelle Écosse vers d’autres colonies britanniques comme la Louisiane.
D’autres jeunes écrivains d’Ontario et de New Brunswick comme Herménégilde Chiasson dans « Mourir à Scoudouc » constate le besoin d’un idiome littéraire dans la confusion linguistique qui les entoure.
En publiant «Récits d’une Passion : florilège du français au Québec», Gilles Pellerin refusait de faire le énième procès du français québécois pour nous entraîner plutôt sur le terrain de la célébration, du plaisir de la parole.

L’aspect littéraire et culturel continue lié à l’aspect politique quoiqu’ il le dépasse, il l’excède, il se distingue lui étant supérieur.

Les écrivains existent pour que les mots et les choses puissent évoluer et interagir.
Quand André Brochu, séparatiste, et Gilles Marcotte, fédéraliste, discutent « La Littérature et le reste» (collection de lettres publiées à Montréal), ils parlent la même langue et ils occupent le même espace, quoiqu’ils n’aient pas la même idéologie. Mais la littérature, tout comme le pays, peut toujours être inventée !


Littérature récente

Plus récemment, dans la littérature québécoise, on peut compter encore Jacques Godbout avec «Opération Rimbaud», son dixième roman qui prend source dans les longs séjours qu’il fit en Éthiopie. Dans cette œuvre, on peut retrouver Amour, Mort et Testament.

Monique Durand qui publie «Eaux». L’auteur, née à Montréal, vit à Toronto. Ce recueil de nouvelles est son premier livre de fiction. Dix nouvelles aquatiques : eau de mer, de rivières ou de fleuves, ou l’eau des pleurs. Eaux douces, eaux tumultueuses.

Jean Larose qui publie «Première Jeunesse» qui est son premier roman, celui d’un intellectuel québécois. D’après la critique, ce roman en est au point de se demander s’il n’a pas valeur de fable pour l’auteur et si le collège dont il parle ne soit pour lui que le modèle réduit de la société québécoise toute entière.

Carole Frechette publie «Les sept jours de Simon Labrosse». C’est la cinquième pièce de théâtre de la Présidente du Centre des Auteurs Dramatiques du Canada. Là Simon, le personnage, s’invente chaque jour un métier, spectateur de soi-même, flatteur d’ego, allégeur de conscience.

Puis Monique Proulx dont les romans et les nouvelles sont introuvables en France.




En fait, existe-t-il une seule littérature canadienne d’expression française ?



Bibliographie


HAMEL, Reginald – Panorama de la Littérature Québécoise Contemporaine - Éditions Guérin

IMBERT, Patrick – Roman Québécois Contemporain et Clichés – Cahier du C. R. C. C. F. nº 21- Éditions de l’université d’Ottawa.

MAILHOT, Laurent – La littérature québécoise. Paris, PUF, collection «Que sais-je ?», 1974

MAILHOT, Laurent – A Literatura Canadense de Expressão Francesa – Ottawa (Ontário) Canada, colecção Documentos, 1981

MOISAN, Clément et HILDEBRAND, Renate – Ces étrangers du dedans – Une histoire de l’écriture migrante au Québec (1937-1997), Collection NB Études, Éditions Nota Benne,

MORENCY, Jean – Le Mythe Américain dans les fictions d’Amérique – Édition : Nuit Blanche Éditeur

PELLERIN, Gilles – La Mèche Courte – Le Français, la Culture et la Littérature – Éditions L’instant même

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